đłâđđđđđđđđđđđđđ đđđđđđđđđđ
âJe ne suis pas noirâąe, je peux porter des nattes plaquĂ©es ?â
âJe ne suis pas arabophone, je peux dire âwallahâ?â
âJe suis allĂ©âąe en Inde, je peux porter les vĂȘtements que jâai achetĂ© la bas ?â
Je vous rĂ©ponds â
âJe ne suis pas noirâąe, je peux porter des nattes plaquĂ©es ?â
âJe ne suis pas arabophone, je peux dire âwallahâ?â
âJe suis allĂ©âąe en Inde, je peux porter les vĂȘtements que jâai achetĂ© la bas ?â
Je vous rĂ©ponds â
Comme je vous lâai dit il y a quelques jours, jâai dĂ©cidĂ© de réécrire un texte que Ă propos dâun sujet que jâavais dĂ©jĂ traitĂ© deux fois au cours des deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.
La raison pour laquelle je lâavais réécrit et le réécris Ă nouveau est simplement que, comme tout personne engagĂ©e dans les luttes sociales, mes opinions militantes se perfectionnent et se prĂ©cisent avec le temps pour ne pas dire sâaffirment et sâaffermissent.
En relisant ce que jâavais Ă©crit il y a dĂ©jĂ bientĂŽt deux ans, jâai rĂ©alisĂ© que je nâĂ©tais pas tout Ă fait dâaccord avec moi de 2018 et je vous propose donc une version plus actualisĂ©e de mon texte.
Si je choisis de vous en reparler, câest parce que cette thĂ©matique, qui suscitait dĂ©jĂ dĂ©bat en 2018, est encore plus prĂ©gnante en ce dĂ©but 2020.
JâĂ©cris dans un double objectif de sensibilisation et de vulgarisation, Ă dessein de permettre Ă tousâąteâąs â mĂȘme les moins familierâąĂšreâąs avec le concept en question et la terminologie qui en dĂ©coule â une apprĂ©hension du sujet et peut-ĂȘtre mĂȘme une rĂ©flexion sur celui-ci.
Avant dâentrer dans le vif du sujet, laissez-moi juste rappeler quelques points essentiels au bon dĂ©roulement des Ă©changes qui suivront, je lâespĂšre, cette publication. ĂlĂ©ments qui vont permettront Ă©galement une meilleure apprĂ©hension des informations Ă venir.
Sachez tout dâabord que je ne prĂ©tends ni ĂȘtre une spĂ©cialiste du sujet ni dĂ©tenir la vĂ©ritĂ© absolue. Dâautant que câest un sujet qui nâest pas scientifiquement vĂ©rifiable et ne peut donc ĂȘtre prouvĂ© au sens scientifique du terme.
Je vous fournirai bien sĂ»r exemples et illustrations, mais ne vous attendez pas Ă trouver les rĂ©sultats dâexpĂ©rimentations quelconques.
Cela signifie aussi quâil nây a pas de rĂšgle fixe ou dâapproche gĂ©nĂ©rale de la matiĂšre, mais quâil faudra davantage fonctionner au cas par cas.
Cela signifie aussi quâil nây a pas de rĂšgle fixe ou dâapproche gĂ©nĂ©rale de la matiĂšre, mais quâil faudra davantage fonctionner au cas par cas.
Attention cependant, cela ne veut pas dire quâil est impossible de dĂ©finir et dâidentifier le phĂ©nomĂšne.
Ce que vous vous apprĂȘtez Ă lire relĂšve de mon point de vue personnel, toutefois inspirĂ© par la documentation que jâai assimilĂ©e sur le sujet et dâautres qui le cĂŽtoient.
Ce que vous vous apprĂȘtez Ă lire relĂšve de mon point de vue personnel, toutefois inspirĂ© par la documentation que jâai assimilĂ©e sur le sujet et dâautres qui le cĂŽtoient.
Je ne suis la porte parole de personne, hormis de celles et ceux qui le souhaitent. Il est bien plus quâacceptable de partager mon avis en totalitĂ©, en partie ou pas du tout. Je vous demanderais en revanche de bien vouloir tout lire avant dâengager une discussion.
La pensĂ©e Ă©tant un cheminement intellectuel, construire un argumentaire en rĂ©fĂ©rant Ă un ou des Ă©lĂ©ments prĂ©levĂ©s et analysĂ©s indĂ©pendamment du reste du corps nâest pas pertinent.
Câest donc dans sa globalitĂ© que je vous inviterai Ă apprĂ©hender le propos qui suit.
Câest donc dans sa globalitĂ© que je vous inviterai Ă apprĂ©hender le propos qui suit.
đđąâđđ đĄ-đđ đđąđ đâđđđđđđđđđđĄđđđ đđąđđĄđąđđđđđ ?
Nous commencerons ce petit chemin vers la comprĂ©hension de la thĂ©matique en dĂ©finissant le terme dâappropriation culturelle, dont la premiĂšre occurrence remonte aux annĂ©es 80 au moment de lâĂ©veil des Ă©tudes post-coloniales, quoique le principe soit bien antĂ©rieur.
Dans mon prĂ©cĂ©dent Ă©crit, jâavais proposĂ© la dĂ©finition de Wikipedia comme Ă©tant la plus simple. En voulant consulter Ă nouveau la page, jâai pu constater que celle ci a Ă©tĂ© rĂ©actualisĂ©e et le terme analysĂ©...
sans doute Ă la suite des nombreuses polĂ©miques qui ont suivi la popularisation du concept, et selon un biais clairement en faveur de lâappropriation culturelle, prĂ©sentĂ©e comme âtransmissionâ et âredĂ©finitionâ culturelle.
En mâinformant sur les sources de lâarticle, jâai Ă©tĂ© confrontĂ©e sans surprise Ă une bibliographie essentiellement (si ce nâest en totalitĂ©) Ă©crite par des blancâąheâąs.
Pareillement, les articles qui apparaissent en premier dans les recherches internet ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s pour la plupart par des personnes blanches occidentales et sont tout Ă fait biaisĂ©s puisquâayant vocation Ă justifier le phĂ©nomĂšne au nom du multiculturalisme et du cosmopolitisme.
Si vous ne comprenez pas encore le problĂšme, vous le comprendrez par la suite.
Je vous propose donc la dĂ©finition suivante, proposĂ©e par Loretta Todd (rĂ©alisatrice canadienne de descendance indigĂšne) et Bell Hooks (Ă©crivaine fĂ©ministe noire amĂ©ricaine) : lâappropriation culturelle dĂ©signe le vol du vestiaire ou des symboles dâune culture dite minoritaire.
En dâautres termes, ce Ă quoi renvoie lâappropriation culturelle est toute forme de profit tirĂ© par un groupe ethnico-culturel dominant vis Ă vis dâun autre minoritaire, au dĂ©triment et sans lâapprobation de ce dernier.
Richard MĂ©meteau souligne dans ce cas lâabsence dâĂ©change et/ou de dialogue. Il sâagit donc dâun rapport de domination au sein duquel la culture minoritaire nâa pas le choix dâaccepter ou de refuser cette exploitation.
Lâappropriation culturelle est en cela trĂšs diffĂ©rente du mĂ©tissage culturel, qui renvoie au mĂ©lange de diverses cultures sans que lâune dâentre elles nâaie lâascendant sur une ou plusieurs autres.
Il faut entendre par culture ce qui est créé, produit, transmis et appris par les individus dâun mĂȘme groupe social et/ou ethnique.
Bien entendu, une culture nâest ni autosuffisante ni homogĂšne ou linĂ©aire puisque rĂ©sultant de la jonction dâune infinitĂ© dâĂ©lĂ©ments renouvellĂ©s, rĂ©actualisĂ©s, rĂ©interprĂ©tĂ©s, inspirĂ©s, transmis, Ă©changĂ©s, partagĂ©s avec et par dâautres cultures.
Ainsi, quand on parle de cultures occidentale, africaine ou asiatique, on ne sous entend pas quâelles prĂ©sentent un faciĂšs uniforme, on regroupe simplement des cultures qui prĂ©sentent des similitudes et une proximitĂ© gĂ©ographique
(les deux Ă©tant intrinsĂšquement liĂ©es, lĂ je vous parle en tant quâhistorienne et historienne de lâart).
Tous ces Ă©lĂ©ments font du concept de culture une notion trĂšs complexe, ce qui nonobstant nâempĂȘche dâidentifier certains Ă©lĂ©ments spĂ©cifiques et communs Ă certains groupes de cultures.
NĂ©anmoins lorsquâon parle de culture âdominanteâ Ă lâĂ©chelle mondiale, on fait surtout rĂ©fĂ©rence Ă la culture occidentale, soit la culture europĂ©enne et nord-amĂ©ricaine blanche
â ces Ă©lĂ©ments sont discutables Ă des Ă©chelles moindres, continentales par exemple, mais ce nâest pas le propos.
Culture indĂ©niablement privilĂ©giĂ©e et prĂ©dominante Ă lâĂ©chelle globale pour des raisons socio-historiques sur lesquelles je ne reviendrai pas spĂ©cifiquement â mais qui dĂ©coulent en grande partie des empires coloniaux et migrations forcĂ©es :
lorsque les occidentaux blancs se sont invitĂ©s sur les continents Asiatique, Sud-AmĂ©ricain et Africain entre autres, les populations locales (en plus dâĂȘtre violentĂ©es, violĂ©es et massacrĂ©es)
ont Ă©tĂ© contraintes dâadopter des Ă©lĂ©ments culturels occidentaux et se sont vues arracher des Ă©lĂ©ments culturels qui Ă©taient leurs.
Ont suivi des siĂšcles dâesclavage, une des premiĂšres causes de ce quâon appelle aujourdâhui le mĂ©tissage au sens gĂ©nĂ©tique.
Plus tard, certains pays occidentaux dominant les sphĂšres Ă©conomique et politique ont Ă©galement contraint des populations Ă immigrer afin notamment de les exploiter Ă lâoccasion de guerres et de travaux de reconstruction :
on peut penser pour nâen citer que quelques exemples connus aux migrations portugaise, polonaise
[Oui, ces derniers sont blancs et occidentaux mais je ne parlerai pas dans mon dĂ©veloppement des discriminations faites par les blancs envers dâautres blancs puisquâaujourdâhui les consĂ©quences de ces faits ne sont pas les mĂȘmes pour les descendants dâimmigrĂ©s de type caucasien
et que je ne suis pas concernĂ©e. Comme je vous lâexpliquais, selon lâĂ©chelle Ă©tudiĂ©e les donnĂ©es diffĂšrent et lâon peut admettre des rapports de domination entre les sous cultures dâune mĂȘme culture dominante.
On pourrait parler dâappropriation culturelle sur une Ă©chelle continentale voire nationale.], sĂ©nĂ©galaise, algĂ©rienne.
Ceci explique notamment la prĂ©sence actuelle de langues, religions, mĆurs, et systĂšmes politiques occidentaux dans les continents citĂ©s prĂ©cĂ©demment.
Nous vivons encore tousâąteâąs les consĂ©quences de la domination occidentale qui ne remonte pas Ă si longtemps que cela quoiquâen laissent penser les vieux manuels dâhistoire poussiĂ©reux.
Parlez un peu à vos grands-parents ou aïeuls si vous en avez la possibilité, vous le verrez trÚs vite.
Si je suis revenue un peu dans le temps, câest afin dâillustrer la propension des populations occidentales blanches Ă imposer leur culture au dĂ©triment dâautres et Ă voler [dĂ©f. : soustraire la chose dâautrui] dâautres cultures.
Plus que cela, mĂȘme, la tendance des populations blanches Ă considĂ©rer les populations minoritaires non-blanches (et aussi dans certains cas, blanches Ă©galement :
câest trĂšs complexe mais je pense aux immigrĂ©s portugais, mĂȘme si je ne dĂ©velopperai pas), en particulier noires â et dâautres encore, mais je suis moins renseignĂ©e, comme non pas humaines mais comme des moyens et donc potentielles propriĂ©tĂ©s
(moyen de satisfaire un dĂ©sir, de crĂ©er des ressources financiĂšres par exemples), mais je mâĂ©loigne.
C& #39;est aussi pour amener un autre point : je veux vous expliquer pourquoi lâappropriation culturelle fonctionne Ă sens unique, autrement dit pourquoi on ne peut pas dire quâun groupe minoritaire sâapproprie la culture dâun groupe dominant.
En effet, lâargument qui revient souvent est celui qui consiste Ă dire que les groupes minoritaires ont Ă©galement incorporĂ© des Ă©lĂ©ments culturels occidentaux â vous voyez je pense oĂč je veux en venir â
vous voyez je pense oĂč je veux en venir â or, comme nous lâavons vu, lesdits Ă©lĂ©ments nâont pas Ă©tĂ© incorporĂ©s volontairement par les groupes culturels minoritaires mais bien imposĂ©s par le groupe culturel dominant.
Vous commencez Ă saisir je lâespĂšre, en quoi consiste lâappropriation culturelle et en quoi elle diffĂšre du mĂ©tissage culturel, bien quâils trouvent tous deux leur origine dans lâimpĂ©rialisme culturel occidental.
Maintenant que nous avons posé les jalons théoriques de la thématique, nous allons à présent nous atteler à son corps pratique.
Je fais une petite pause dans la rédaction. La suite arrive trÚs bientÎt.
P.-S.: sur le premier tweet jâai fait une faute dâaccord, ce sont âles vĂȘtements que jâai achetĂ©Sâ avec un S !
P.-S.: sur le premier tweet jâai fait une faute dâaccord, ce sont âles vĂȘtements que jâai achetĂ©Sâ avec un S !
đ«đđđ đđđđđ đđđ đđđđ-đđ đđđđđđ đ
âđđđđđđđđđđđđđ đđđđđđđđđđ ?
Nous avons à présent défini de maniÚre théorique le concept en question ainsi que ceux qui gravitent autour de ce dernier.
Nous avons à présent défini de maniÚre théorique le concept en question ainsi que ceux qui gravitent autour de ce dernier.
Vous nâĂȘtes pourtant pas encore tout Ă fait certainâąeâąs de saisir ce en quoi concrĂštement consiste le fait de sâapproprier la culture dâautrui.
Sachez dans un premier temps quâil est compliquĂ© de dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment oĂč commence et oĂč sâarrĂȘte lâappropriation culturelle.
Sachez dans un premier temps quâil est compliquĂ© de dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment oĂč commence et oĂč sâarrĂȘte lâappropriation culturelle.
Comme je le disais prĂ©cĂ©demment, la culture nâest ni homogĂšne ni linĂ©aire. La mondialisation ainsi que lâessor des rĂ©seaux sociaux ont enfoncĂ© les portes ouvertes par les occidentaux Ă travers leur impĂ©rialisme. Câest ce que lâon appelle le multiculturalisme.
Aujourdâhui, nous ne sommes plus nĂ©cessairement le produit dâun seul groupe culturel. Beaucoup dâentre nous si ce nâest la plupart, sont issus de parents dâorigines culturelles divergentes qui nous transmettent leurs us et leurs traditions.
Nous sommes plus rĂ©guliĂšrement au contact (virtuel ou rĂ©el) dâindividus diffĂ©rents de nous par leurs opinions et leur extraction socio-culturelle. Nous sommes confrontĂ©âąeâąs dans nos parcours scolaires et Ă travers notre Ă©ducation Ă la culture de lâautre :
nous apprenons dâautres langues, nous partons en voyages dâĂ©change, nous Ă©tudions lâhistoire, la politique, le droit tels quâils sont pour dâautres pays, etc.
Enfin, par nos intĂ©rĂȘts et lors de notre construction personnelle en tant quâindividu, nous nous familiarisons Ă travers diffĂ©rents media Ă dâautres cultures :
nous apprenons des autres, nous lisons des Ă©crits, Ă©coutons de la musique, contemplons des Ćuvres dâart, partons en voyage... autant de choses qui viennent enrichir notre noyau culturel. On pourrait en ce sens dire que chaque individu est un foyer de culture.
Mais ne soyons pas naĂŻfâąveâąs. Personne nâest sans ignorer les rapports de domination et dâinĂ©galitĂ© sociales. Tous les individus et toutes les cultures ne sont pas logĂ©s Ă la mĂȘme enseigne aux Ă©chelles sociales, sociĂ©tales et systĂ©miques.
Dans un monde forgé par les occidentaux blancs pour les occidentaux blancs, ces derniers sont évidemment privilégiés.
En plus de sâĂȘtre accordĂ© de droit de contraindre par la violence toute personne en marge du groupe majoritaire Ă adopter leurs mĆurs, les occidentaux blancs se sont Ă©galement attribuĂ© celui de moquer, exploiter, bafouer, plagier,
usurper des éléments culturels originaires des groupes minoritaires qui eux sont sanctionnés pour le simple fait de revendiquer des éléments qui sont culturellement leurs.
Sâapproprier la culture dâautrui, ce peut ĂȘtre estimer quâelle est sienne et par ce fait en renier les origines et la symbolique.
Cela peut aussi ĂȘtre le fait de dĂ©libĂ©rĂ©ment la tourner en une distraction, un accessoire ou une mode. Câest aussi Ă©mettre Ă propos de celle-ci un jugement de valeur, en sĂ©lectionnant certains Ă©lĂ©ments que lâon estime acceptables pour en dĂ©valoriser dâautres :
câest une forme de hiĂ©rarchisation. Ce peut ĂȘtre Ă©galement considĂ©rer quâil nâest acceptable de mettre en exergue ou de revendiquer les Ă©lĂ©ments dâune culture minoritaire que si lâon appartient au groupe culturel majoritaire.
Enfin, cela peut aussi consister en le fait de tirer des avantages sociaux ou Ă©conomiques dâune culture minoritaire au dĂ©triment des peuples dont elle est originaire. Câest somme tout ne pas la respecter et par extension ne pas respecter les individus qui en sont dĂ©positaires.
Pour illustrer le propos, nous nous pencherons sur plusieurs cas qui selon moi illustrent parfaitement ce dont il est question.
Parlons dans un premier temps du đ
đđđđđđđđđđ. On voit souvent petits et grands blancs dĂ©guisĂ©s en « indiens » Ă lâoccasion de fĂȘtes diverses.
Or la fĂȘte et le dĂ©guisement appartiennent Ă la sphĂšre du drĂŽle, du divertissement, parfois mĂȘme de la caricature et du grotesque. Le dĂ©guisement se base la plupart du temps sur le clichĂ©.
Il force le trait et se compose de plusieurs Ă©lĂ©ments disparates assemblĂ©s de maniĂšre hasardeuse. Parfois mĂȘme, certains Ă©lĂ©ments sacrĂ©s ou Ă©sotĂ©riques sont dĂ©pouillĂ©s de leur signification en relĂ©guĂ©s au rang de blague.
Bien sĂ»r les auteurâąriceâąs de ces faits nâen ont aucune idĂ©es puisquâiels nâont aucune connaissance des cultures quâiels moquent (ou alors iels nâen ont que faire). Outre cela, câest aussi la nĂ©gation de lâhistoire dâun peuple :
encore aujourdâhui il y a des rapports de forces entre les peuples occidentaux et amĂ©rindiens qui ont Ă©tĂ© massacrĂ©s, pillĂ©s et parquĂ©s dans des rĂ©serves.
Les peuples natifs amĂ©ricains sont encore exploitĂ©s, discriminĂ©s au moment oĂč je vous Ă©cris et victimes de violences lorsquâils arborent des Ă©lĂ©ments constituant leur propre culture (noms, traditions, vĂȘtements, langue,..).
Quand Hillary Duff et son ami se sont dĂ©guisĂ©s en natif amĂ©ricain et pĂšre pĂšlerin en 2016 vous comprenez donc Ă quel point cela peut ĂȘtre offensant.
Alicia BigCanoe, canadienne native Chippewa poste tous les ans un clichĂ© dâelle en habit traditionnel sous le hashtag #IAmNotACostume lors de la fĂȘte de Halloween, afin de sensibiliser sur le fait que sa culture nâest pas un dĂ©guisement.
Si vous considĂ©rez votre culture comme une blague, vous nâavez pas Ă traiter de la mĂȘme maniĂšre celle des autres.
De plus, le đđđđđđđ Ă caractĂšre ethnico-racial est historiquement raciste. Parlons du blackface.
Outre le fait quâune couleur de peau nâest pas un dĂ©guisement ou un accessoire qui se met et se retire, puisque contrairement Ă vous si vous ĂȘtes non noirâąeâąs (a fortiori blancâąhe),
nous ne pouvons choisir de lâĂȘtre ou non, nous le sommes tous les jours de notre vie et vous nous le faites payer en nous discriminant, nous violentant et nous massacrant.
Le blackface sâinscrit dans cet historique de violences, puisquâil est Ă lâorigine une forme de théùtre occidental qui consiste en le grimage dâune personne blanche en personne noire Ă dessein de moquer les personnes dâorigine Afro-antillaises sur la base de clichĂ©s.
Si la couleur de peau nâest pas directement culturelle, câest toutefois autour dâelle que nous construisons notre identitĂ© culturelle dans la plupart des cas, puisque la sociĂ©tĂ© occidentale blanche nous pousse Ă le faire en nous excluant.
Ăgalement, le grimage facial sâaccompagne presque toujours de dĂ©guisement (cf. le cas du dĂ©guisement citĂ© plus tĂŽt), dâimitations dâaccents et de gestuelles, du port dâhabits traditionnels...
Quand Antoine Griezmann se grime en noir en prĂ©tendant avoir voulu se dĂ©guiser en basketteur pour une soirĂ©e annĂ©es 80, câest un problĂšme car cela renforce les stĂ©rĂ©otypes autour de la personne noire. Or stĂ©rĂ©otyper en vertu de lâappartenance ethnique, câest raciste et non lĂ©gal
Ces stéréotypes sont entre autres ceux liés à la performance physique, la taille et la prédisposition au sport. On peut tout à fait se déguiser en basketteur sans se peinturlurer en noir, surtout quand on sait (et on le sait toustes) que les personnes noires sont discriminées.
Le maillot « NBA » suffisait à comprendre en quoi il était déguisé.
Encore une fois, compte tenu du passĂ© historique violent entre les communautĂ©s occidentales et Afro-antillaises le blackface sâinscrit Ă la fois dans le racisme et lâappropriation culturelle (celle-ci Ă©tant une forme de racisme).
On pourrait penser quâaprĂšs avoir fait subir tant dâhorreurs Ă un peuple sur la base simplement de sa diffĂ©rence, cesser de le discriminer serait de rigueur.
Jâaimerais maintenant vous parler de la đđđ
đ et des đđđ
đđ qui est selon moi le berceau de lâappropriation culturelle. Soyons clairâąeâąs sur le fait que personne ne peut vous interdire de porter tels ou tels vĂȘtements, coiffures, maquillages, tatouages.
Ce nâest pas la question. Mon but ici est de vous faire comprendre ce qui nâest pas acceptable lorsque vous le faites.
PremiĂšrement, rĂ©duire des Ă©lĂ©ments vestimentaires, de parure ou de coiffure propre Ă une autre culture au rang dâaccessoires et remplacer leur fonction symbolique et significative voire sacrĂ©e au profit dâun simple esthĂ©tisme, câest trĂšs irrespectueux.
Dâautant que comme je le disais, les personnes dont ces Ă©lĂ©ments font partie de lâhĂ©ritage culturel sont discriminĂ©es pour les arborer !
Il y a donc un double standard selon lequel seules les personnes occidentales ont le droit dâafficher ouvertement ces Ă©lĂ©ments qui nâont souvent rien Ă voir avec leur culture et Ă propos desquels ils ne sont pas renseignĂ©s .
Pour finir, lâappropriation culturelle est aussi lâexploitation de cultures minoritaires au profit de cultures majoritaires.
Lâappropriation culturelle est donc un acte capitaliste qui vise Ă produire de lâargent au dĂ©triment des cultures minoritaires sur la base de lâimpĂ©rialisme, du suprĂ©macisme et de lâorientalisme post-colonial.
Jalil Leclaire, Ă©crivain et membre de DĂ©coloniser les Arts, insiste sur le fait quâil y a invisibilisation de la culture exploitĂ©e.
Richard MĂ©meteau quant Ă lui confirme que si les retombĂ©es Ă©conomiques et sociales de lâutilisation dâune autre culture que la sienne ne sont pas partagĂ©es avec les dĂ©positaires de la culture en question, câest quâil y a exploitation.
Câest pourquoi acheter et vendre des vĂȘtements plagiant ou imitant des vĂȘtements ou motifs traditionnels non occidentaux, auprĂšs de vendeurs occidentaux qui en tirent profit â surtout quand ils sont vendus Ă prix dâor â
et qui en nient les origines et la signification, cela ne passe pas.
En 2018, lâenseigne Zara a commercialisĂ© des chaussettes prĂ©sentant des motifs Xhosa, motif traditionnel dâune ethnie Sud-Africaine mais aussi propriĂ©tĂ© du crĂ©ateur noir-africain Maduma Ngxokolo.
https://www.instagram.com/p/Bh9XRreFHxm/?utm_source=ig_embed">https://www.instagram.com/p/Bh9XRre...
https://www.instagram.com/p/Bh9XRreFHxm/?utm_source=ig_embed">https://www.instagram.com/p/Bh9XRre...
Il est trÚs courant que les grands créateurs européens et américains usurpent des motifs, designs, voire des piÚces entiÚres créés par des designers locaux non occidentaux disposant de moindres moyens.
Quand les modĂšles de Victoriaâs Secret arborent des coiffes amĂ©rindiennes et des Ă©lĂ©ments de vĂȘtements traditionnels Ă la signification sacrĂ©e....
transformés en ensemble bikini et couvre chef grotesque, il y a une négation totale de la culture amérindienne par cette désacralisation. Pour les amérindiens, chaque plume a une signification : les plumes sont portées par les chefs qui les ont obtenues grùce à leur courage.
Elles sont ici toutes mĂ©langĂ©es et perchĂ©es sur la tĂȘte dâune fille en maillot de bain.
Lorsque Marc Jacobs fait dĂ©filer des modĂšles blanches en 2015 avec des Bantu knots ou Kendall Jenner avec des fausses locks en 2016, coiffures quâil prĂ©tend avoir « inventĂ©e » ou « rĂ©inventĂ©e » en leur donnant des noms occidentaux, câest Ă©galement intolĂ©rable.
Si les dreadlocks sont ancrĂ©es dans certaines cultures blanches, notamment anglo-saxonnes et germaniques, les mettre en scĂšne et en revendiquer la (rĂ©)invention, sans rĂ©fĂ©rer Ă leur origine et sans avoir aucune attache culturelle Ă ces coiffures, câest dĂ©jĂ peu fameux.
En revanche, je pense que contrairement aux arguments de ceux qui font preuve de mauvaise foi, Marc Jacob ne faisait pas du tout rĂ©fĂ©rence Ă la « culture Viking » dont il aurait pu ĂȘtre issu (ce nâest en plus pas vrai)
mais sâapproprie des Ă©lĂ©ments de coiffure Afro-Antillaise, comme il le fait chaque annĂ©e. En 2015 il a niĂ© avoir repris le Bantu knot en prĂ©tendant quâil sâagissait dâune coiffure quâil aurait inventĂ© et quâil nommait les mini buns.
Or le Bantu knot est Ă lâorigine une coiffure adaptĂ©e aux cheveux crĂ©pus et frisĂ©s commune Ă entre 300-600 pays dâAfrique noire.
Vous aurez compris que le premier problÚme ici est de créer des ressources financiÚres en plagiant des coiffures traditionnelles, et en prétendant les avoir inventées au lieu de reconnaßtre une inspiration ou une influence.
Le second problĂšme est que les personnes dâorigine Afro-antillaise sont discriminĂ©es lorsquâelles portent ces coiffures qui sont adaptĂ©es Ă leurs cheveux et font partie de leur culture.
Au delĂ des moqueries et des violences courantes (se faire arracher ou couper les tresses/tissages Ă lâĂ©cole ou dans les transports, critiques et remarques racistes, personnes qui touchent les cheveux sans demander ou considĂšrent notre physique come divertissant),
on nous refuse logements, Ă©coles, emplois, compĂ©titions sportives. Il en va de mĂȘme pour les vĂȘtements traditionnels.
https://www.nj.gov/oag/newsreleases19/DCR-Hair-Discrimination-Guidance.pdf">https://www.nj.gov/oag/newsr...
https://www.nj.gov/oag/newsreleases19/DCR-Hair-Discrimination-Guidance.pdf">https://www.nj.gov/oag/newsr...
On peut aussi penser Ă Kim Kardashian qui depuis quelques annĂ©es plagie des coiffures Afro dont elle revendique la crĂ©ation et quâelle renomme afin dâeffacer toute trace de leur origine.
Paradoxalement, elle lisse trÚs souvent les cheveux de sa petite fille et on ne la voit jamais avec des coiffures qui seraient plus adaptées à son cheveu frisé...
Voici Ă©galement le lien dâune publication qui parle de lâappropriation occidentale des tatouages berbĂšres qui sont trĂšs Ă la mode qui les dĂ©forment et les arborent uniquement pour leur aspect esthĂ©tique sans en connaĂźtre la symbolique : https://twitter.com/nacim0unet/status/1219155286814003206?s=21">https://twitter.com/nacim0une...
Je souhaite exposer un dernier cas, qui est celui du Bindi portĂ© par Vanessa Hudgens en 2014 Ă lâoccasion du festival Coachella (sponsorisĂ© par des lobbys homophobes).
Ce dernier nâest pas quâun accessoire, câest aussi un Ă©lĂ©ment inscrit dans lâhĂ©ritage Sud-Asiatique qui se revĂȘt de fortes symboliques. Beaucoup de femmes Tamil ont Ă©tĂ© choquĂ©es par ces agissements.
Pereesh Kunesakran, une des femmes Ă avoir postĂ© avec le hashtag #ReclaimTheBindi, a dĂ©clarĂ© lors dâune interview Ă Deccan Chronicle quâil fallait Ă©duquer les gens sur le fait que sa culture nâest pas une tendance.
On ne devrait pas porter un Bindi ou des tatouages au henna sans en connaĂźtre la signification pour ceux qui les portent. Il y a une diffĂ©rence entre sâapproprier une culture et lâapprĂ©cier.
Selon elle, apprĂ©cier une culture revient Ă se cultiver sur cette culture avec respect et volontĂ© de la comprendre. Ă lâinverse, sâapproprier une culture serait en reprendre les symboles et les traditions sans avoir aucune connaissance de leur importance.
Pour achever cette seconde partie, je souhaite vous parler de la đđđđđđ. Comme je vous le disais, si autant de pays non occidentaux parlent des langues occidentales, câest quâelles y ont Ă©tĂ© importĂ©es par la force lors de la colonisation.
On peut penser Ă lâAlgĂ©rie (français), au BĂ©nin (français), au Ghana (anglais), Ă la GuinĂ©e (espagnol)...
Parlons plus spécifiquement de la France.
Parlons plus spécifiquement de la France.
Si lâon ne peut ignorer lâintĂ©gration dans la langue française de certains mots dâorigine arabophone ou issus de dialectes africains noirs comme le Lingala, il faut prĂ©ciser certains Ă©lĂ©ments.
Le premier est la diffĂ©rence de contexte politique, historique et social qui nous sĂ©pare de la gĂ©nĂ©ration de nos parents qui dans un climat post colonial et faussement cosmopolitain a gĂ©nĂ©ralisĂ© lâemploi de certains termes originaire des pays colonisĂ©s.
En effet, ce nâest pas parce que la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente ou les gĂ©nĂ©rations antĂ©rieures nâavaient pas rĂ©ellement conscience de lâappropriation culturelle et du post colonialisme que nous devons feinter de ne pas en avoir non plus.
Une des langues dont beaucoup de termes sont repris en français est lâarabe. Si vous nâĂȘtes pas arabophone, vous avez peut-ĂȘtre mĂȘme entendu vos parents ou aĂźnĂ©s (ou vous !) utiliser certains mots comme « toubib », « kawa », « caĂŻd », « souk »...
Ce nâest pas tout Ă fait la mĂȘme chose que vous qui lancez des « khey », des « wesh » et pire, des « wallah » ou des « starfoullah » Ă tire larigot puisque cela ne sâinscrit pas dans le mĂȘme contexte dâune part.
Dâautre part, les personnes arabophones sont discriminĂ©es si elles parlent leur propre langue maternelle ou dâorigine, alors que vous le faites â en particulier si vous ĂȘtes blancâąheâąs â sans aucune retombĂ©e autre que de vous donner un genre.
Ensuite, vous nâavez pour la majoritĂ© aucune idĂ©e de ce que peuvent bien signifier ces mots que vous rĂ©pĂ©tez par mimĂ©tisme pur.
Ă ce clichĂ© que vous avez contribuĂ© Ă crĂ©er, selon lequel les arabophones (souvent noirs ou nord-africains) sont des « racailles », vous cherchez inconsciemment Ă vous assimiler pour avoir lâair plus cool.
Enfin, lorsque vous utilisez des termes religieux (tous ceux qui contiennent le nom Allah), vous désacralisez et bafouez des mots lourds de signification pour les personnes musulmanes notamment.
Vous allez parfois jusquâĂ dĂ©former ces mots, qui ont une signification et symbolique forte. Pour terminer cette partie, je souhaiterais revenir sur la notion dâorientalisme.
Ă lâorigine, lâorientalisme est la manifestation de la curiositĂ© des occidentaux envers les cultures non occidentales. Dans un premier temps, câest dans les arts quâil sâexprime â câest mĂȘme le nom dâun courant artistique qui voit le jour au XVIIIĂ©me siĂšcle.
Cependant son empreinte est omniprĂ©sente dans les sociĂ©tĂ©s post-mĂ©diĂ©vales. Jâai trĂšs envie de vous faire un cours dâhistoire, mais je rĂ©siste, je suis dĂ©jĂ trĂšs longue... Câest un concept qui repose sur une fausse mystique composĂ©e de clichĂ©s, fantasmes et fĂ©tichisation.
En faisaient preuve notamment la plupart des grands lettrĂ©s du patrimoine français (Hugo, Flaubert, Gauthier,...). [TIMELAPSE] Elle sâexprime aujourdâhui par le dĂ©sir de cĂŽtoyer Ă tout prix, de prĂšs ou de loin, les individus et cultures que lâon fantasme comme Ă©tant mystĂ©rieuses.
Il nâest pas rare que des personnes occidentales souhaitent cĂŽtoyer exclusivement des personnes dâorigine non occidentale, allant jusquâĂ se faire passer pour non occidentales ou sâinventer des « origines » !
On remarque une volontĂ© grandissante de la part des populations occidentales de sâassimiler aux fantasmagories dont elles seules sont Ă lâorigine. Ceci pourrait expliquer la volontĂ© dâarborer certains Ă©lĂ©ments culturels que associĂ©s Ă ces fantaisies.
Je conclue cette partie sur ces mots. Je vous parlerai ensuite trĂšs bientĂŽt de ce quâon appelle lâapprĂ©ciation culturelle, afin de vous aider Ă comprendre comment apprĂ©cier une culture sans se lâapproprier.
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Dans cette derniĂšre partie, centrĂ©e sur la limite entre appropriation et apprĂ©ciation culturelle, je mâadresse Ă toutes les personnes de culture occidentale.
Dans cette derniĂšre partie, centrĂ©e sur la limite entre appropriation et apprĂ©ciation culturelle, je mâadresse Ă toutes les personnes de culture occidentale.
Les propos qui suivent sâinscrivent dans le cadre de lâappropriation des cultures minoritaires non occidentales par les cultures majoritaires occidentales.
Vous noterez que je nâai pas spĂ©cifiĂ© « blanches », simplement parce que couleur de peau et origine ethnique ne riment pas avec culture.
Bien que les personnes blanches soient par leur Ă©ducation et leur culture socio-politique plus enclines Ă sâapproprier des cultures minoritaires non blanches, retenez bien quâelles ne sont pas les seules.
Je mâexplique. Il arrive communĂ©ment que des personnes non blanches Ă lâhĂ©ritage culturel non blanc Ă©voluent uniquement ou en trĂšs grande partie dans un cadre socio-culturel occidental blanc
et nâaient par consĂ©quent aucune ou peu de connaissance ou dâattache Ă leur patrimoine culturel dâorigine.
Câest le cas par exemple pour certaines personnes descendantes dâimmigrĂ©âąeâąs dont les prĂ©dĂ©cesseurs vivent et ont vĂ©cu dans des pays de culture occidentale depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations.
Câest le cas de certaines personnes adoptĂ©es, Ă©galement. Câest aussi le cas de personnes issues dâun mĂ©tissage gĂ©nĂ©tique et culturel. Entre autres.
Lâeffet de mode trĂšs rĂ©cent selon lequel il est valorisant dâafficher un ostentatoire multiculturalisme ne touche pas que les personnes blanches, il est aussi susceptible de toucher les personnes non blanches de culture majoritairement occidentale.
La diffĂ©rence principale restant que les personnes blanches de culture occidentale ont pour la plupart moins dâattache, dâintĂ©rĂȘt et de connaissances que les personnes non blanches de culture occidentale pour les cultures minoritaires.
Et aussi, le complexe du White Savior et la tendance inconsciente Ă le mettre en avant Ă travers lâappropriation culturelle.
Ceci Ă©tant dit, gardez Ă lâesprit que (je sais, ça fait beaucoup), au fur et Ă mesure que les cultures sâenchevĂȘtrent, sâentremĂȘlent et sâentrelacent, leurs manifestations se confondent.
Et effectivement, quand on Ă©volue au contact de plusieurs cultures, câest en piochant instinctivement dans celles-ci quâon se constitue la sienne.
Le problĂšme, toutefois, ne rĂ©side pas dans le fait dâemprunter simplement des Ă©lĂ©ments originaires dâune culture qui nâest Ă lâorigine pas la nĂŽtre ; non, le problĂšme rĂ©side dans la maniĂšre de le faire, mais Ă©galement dans les consĂ©quences de ce fait.
Gabrielle Richardson, noire-amĂ©ricaine et fondatrice du collectif Art Hoe Collective â une plateforme internet qui permet aux artistes queer et non blancâąheâąs de sâexprimer sans ĂȘtre restreintâąeâąs par les hĂ©tĂ©ronormes qui dominent lâunivers artistique â
a dit lors dâune interview pour iD que lâappropriation commence lorsque le pouvoir est en jeu. Elle insiste sur le fait que lâapprĂ©ciation sous-entend un Ă©change Ă©galitaire de pouvoir et de culture reconnu par les deux parties et fait dans le respect.
Elle souligne également la différence entre célébration et marchandisation.
Autrement dit, prenez le temps de discuter avec des personnes dĂ©positaires des cultures qui vous intĂ©ressent afin de vous assurer de ne pas ĂȘtre irrespectueuxâąses ou oppressifâąveâąs lorsque vous leur empruntez des Ă©lĂ©ments.
Si vous constatez que vos interlocuteurâąriceâąs sont offensĂ©âąeâąs par vos intentions, respectez les et leurs opinions.
Si lâĂ©lĂ©ment que vous souhaitez emprunter nĂ©cessite un achat, privilĂ©giez les producteurs locaux et originels, qui pourront du mĂȘme coup vous renseigner sur leur symbolique et leur histoire.
Si vous faites un emprunt culturel, nâoubliez pas de crĂ©diter lâorigine de celui-ci et surtout ne vous avisez pas de prĂ©tendre que vous en ĂȘtes leâąa crĂ©ateurâąrice. Inspirez-vous, mais ne copiez pas.
Enfin, prenez garde Ă ne tirer aucun profit non partagĂ© ou inĂ©gal de vos emprunts. Sensibilisez votre entourage sur ces Ă©lĂ©ments en relayant â et non pas monopolisant â la parole des personnes concernĂ©es.
Si lâappropriation est Ă sens unique, lâapprĂ©ciation elle est le fruit dâun Ă©change, dâun dialogue.
Gabrielle explique dans la suite de son interview que lâappropriation culturelle survient quand lâhistoire et le mode de vie dâun groupe culturel sont rĂ©duits Ă une esthĂ©tique.
Câest-Ă -dire quâun emprunt culturel qui exprime lâapprĂ©ciation dâune culture ne dĂ©vĂȘt pas lâĂ©lĂ©ment empruntĂ© de sa signification premiĂšre.
Emprunter un Ă©lĂ©ment Ă la valeur exclusivement esthĂ©tique pour ce mĂȘme motif est acceptable, tandis quâemprunter un Ă©lĂ©ment Ă la symbolique sacrĂ©e pour de simples raisons esthĂ©tiques lâest pas.
En revanche, emprunter des caractĂ©ristiques physiques propres Ă un groupe ethnico-culturel nâest JAMAIS, en AUCUN CAS acceptable. Jâentends par lĂ -dessus caractĂ©ristiques physiques SPĂCIFIQUES et EXCLUSIVES Ă un ou plusieurs groupes ethnico-culturel.
Câest ce Ă quoi fait rĂ©fĂ©rence Gabrielle lorsquâelle dĂ©plore le fait que lâallure et les traits physiques quâelle a hĂ©ritĂ©s de sa famille sont achetĂ©s et vantĂ©s par de riches blancs.
Elle appuie enfin sur le fait que ce sont ces mĂȘmes traits qui ont notamment entrainĂ© le meurtre raciste de Philando Castile par un policier â qui a sans surprise Ă©tĂ© acquittĂ© de ce meurtre « accidentel » par plusieurs coups de feu dans la poitrine. https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/06/17/etats-unis-acquittement-d-un-policier-qui-avait-ete-filme-tuant-un-noir_5146051_3222.html">https://www.lemonde.fr/ameriques...
Elle ajoute : « Rester neutre devant une injustice, câest dĂ©jĂ un acte politique ».
Si vous ĂȘtes blancâąhe, vous avez le privilĂšge de vous opposer sans subir de rĂ©percussions Ă ce quâune personne soit traitĂ©e diffĂ©remment de vous pour le mĂȘme fait, uniquement sur la base de son appartenance ethnique.
Porter des nattes africaines ou des dreadlocks en Ă©tant blancâąhe, câest avoir le devoir de sâopposer Ă ce que des personnes non blanches soient discriminĂ©es (ou pire) pour le faire Ă©galement.
Câest aussi, par extension, avoir le devoir de soutenir les luttes pour les droits des personnes non blanches. Le souhait dâarborer les coiffures Afro doit rĂ©sulter dâune considĂ©ration respectueuse pour cette culture et ses membres et non pas dâun effet de mode.
Car ce double standard, mĂȘme lorsquâil ne mĂšne pas Ă la violence physique Ă lâencontre des personnes non blanches, entraĂźne des violences verbales et psychologiques ou encore des discriminations systĂ©matiques.
Le cas Serena est Venus Williams rend bien compte de cette idĂ©e, puisquâelles ont subi il y a quelques annĂ©es une vague de propos violents leur reprochant dâĂȘtre trop « ghetto », trop « nĂ©gligĂ©es » et de nâavoir pas leur place sur un terrain de tennis.
En revanche, « à la seconde oĂč une personne dâune autre couleur le fait, câest tendance, câest cool » regrette Chandia Brennen du LA Post en rĂ©action Ă la photographie de Molly Bair.
Si vous Ă©prouvez un attrait sain pour les coiffures afro, grand bien vous en fasse. Pensez nĂ©anmoins Ă prendre le temps dâen dĂ©couvrir les significations et les origines et surtout dressez-vous contre ce double standard sans invisibiliser les personnes concernĂ©es.
Encore une fois, si ces derniĂšres vous indiquent de ne pas emprunter certains Ă©lĂ©ments pour des raisons quâelles estiment justifiĂ©es, respectez-les elles et leur culture.
Vous pourrez toujours vous rabattre sur des éléments semblables mais pas identiques ou vous inspirer respectueusement (en créditant bien sûr !).
Si certains aspects dâune culture sont destinĂ©s Ă ĂȘtre partagĂ©s et apprĂ©ciĂ©s par des Ă©trangers, des visiteurs ou des personnes extĂ©rieures Ă ladite culture, certains autres en revanche ne sont destinĂ©s quâaux personnes dĂ©positaires de cette culture.
ApprĂ©cier une culture câest respecter et honorer la maniĂšre dont ses membres souhaitent quâelle soit partagĂ©e. MĂȘme si ces derniers ne sauraient ĂȘtre unanimes sur la question, ils sâaccordent la plupart du temps sur certains Ă©lĂ©ments.
« Si vous ne blessez personne, vous devriez pouvoir faire ce que bon vous chante » (Professeur James Young, auteur de « Lâappropriation culturelle et les Arts »).
Dans le contexte actuel, celui du lendemain dâune pĂ©riode de plusieurs dĂ©cennies durant laquelle les personnes non blanches nâosaient pas exprimer leur culture qui Ă©tait considĂ©rĂ©e comme marginale
â vous lâaurez compris â il faut se poser les bonnes question avant de leur emprunter des Ă©lĂ©ments culturels (Tamu McPherson). Câest en cela que rĂ©side lâart de ne pas franchir la limite entre apprĂ©ciation et appropriation culturelle.
Câest cette limite que la professeure Susan Scafidi â avocate, fondatrice et directrice acadĂ©mique de lâInstitut du droit de la mode de Fordham et autrice de « à qui revient la culture ? Appropriation et authenticitĂ© dans le droit amĂ©ricain » â
dĂ©crit comme une « ligne tracĂ©e dans le sable », en ce quâelle nâest pas immuable. Elle se dĂ©place en fonction du temps et de lâespace, dans la mesure oĂč la culture elle-mĂȘme est trĂšs fluide et se meut constamment.
Je finirai en vous parlant de sa petite « astuce » pour exprimer un intĂ©rĂȘt respectueux envers une autre culture que la sienne, sans se lâapproprier.
Je vous en parle parce quâelle est simple et plutĂŽt effective et quâelle complĂšte parfaitement les explications que je vous ai dĂ©jĂ donnĂ©es.
Cette rĂšgle, quâelle appelle « rĂšgle des trois S », se base sur le fait de questionner les Ă©lĂ©ments suivants : source, sens et similaritĂ©.
Cette rĂšgle, quâelle appelle « rĂšgle des trois S », se base sur le fait de questionner les Ă©lĂ©ments suivants : source, sens et similaritĂ©.
Câest-Ă -dire de se demander dans un premier temps si lâon emprunte les codes dâune culture dominante ou bien dâune culture « dominĂ©e » ?
Cette culture a-t-elle Ă©tĂ© respectĂ©e autant que les cultures majoritaires ? Les personnes dont ce code appartient Ă la culture sont-elles discriminĂ©es lorsquâelles le mettent en avant ?
Dans un second temps, sâinterroger sur la signification desdits codes. Sâagit-il dâun code encore considĂ©rĂ© comme sacrĂ© ? Est-il librement vulgarisĂ© par sa communautĂ© dâorigine ?
Pour finir, questionner les similitudes dâun objet avec son original.
Pour finir, questionner les similitudes dâun objet avec son original.
Ai-je copiĂ© ou me suis-je inspirĂ©âąe ?
Pour conclure, soyez assurĂ©âąeâąs du fait que personne ne vous interdit quoi que ce soit.
Pour conclure, soyez assurĂ©âąeâąs du fait que personne ne vous interdit quoi que ce soit.
Ătre contre lâappropriation culturelle ce nâest pas interdire, câest simplement assurer que la libertĂ© des uns commence bien lĂ oĂč sâachĂšve celle des autres.
Lâenjeu de mon propos est de vous rappeler de faire preuve de respect envers les cultures qui ne sont pas les vĂŽtres.
Lâenjeu de mon propos est de vous rappeler de faire preuve de respect envers les cultures qui ne sont pas les vĂŽtres.
Alors dialoguez, apprenez, voyagez, donnez, recevez. Mais respectez.
En complĂ©ment, voici un article Ă©crit par lâOMPI (Organisation mondiale de la propriĂ©tĂ© intellectuelle) concernant les dommages entraĂźnĂ©s que lâappropriation culturelles, afin de les prĂ©venir.
Y sont également mentionnées des sanctions potentielles.
https://www.wipo.int/edocs/mdocs/tk/en/wipo_grtkf_ic_33/facilitator_s_text_rev_2.pdf">https://www.wipo.int/edocs/mdo...
Y sont également mentionnées des sanctions potentielles.
https://www.wipo.int/edocs/mdocs/tk/en/wipo_grtkf_ic_33/facilitator_s_text_rev_2.pdf">https://www.wipo.int/edocs/mdo...
Ici vous avez un article qui traite le sujet de lâappropriation culturelle dans
le monde du tatouage :
https://twitter.com/binesiikwens/status/1221168666378735616?s=21">https://twitter.com/binesiikw... https://t.co/6FyVVc8BCq ">https://t.co/6FyVVc8BC...
le monde du tatouage :
https://twitter.com/binesiikwens/status/1221168666378735616?s=21">https://twitter.com/binesiikw... https://t.co/6FyVVc8BCq ">https://t.co/6FyVVc8BC...
Sur une note musicale : https://open.spotify.com/track/0VTOSyWjC9gll8CMg8SMJu?si=XWfJBRZfTy-NnnW7c70dYw">https://open.spotify.com/track/0VT...
Autre exemple https://twitter.com/paneeraqm/status/1235616040480108545?s=21">https://twitter.com/paneeraqm... https://twitter.com/marloqiusaq/status/1235616040480108545">https://twitter.com/marloqius...